Qu’est-ce que l’apnée du sommeil
Définition
L’apnée du sommeil est un trouble respiratoire du sommeil caractérisé, soit par des arrêts fréquents de la respiration (apnée) ou une diminution du flux respiratoire (hypopnée) causée par une obstruction complète ou partielle des voies respiratoires supérieures. Ce syndrome est aussi appelé syndrôme d’apnée-hypopnée du sommeil (SAHS) ou syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) lorsque l’apnée est associé à une obstruction des voies respiratoires supérieures.
Présentement, il n’existe pas de consensus parmi les spécialistes des troubles respiratoires du sommeil concernant la définition de l’hypopnée. Elle a été définie comme étant un évènement respiratoire anormal d’une durée minimale de 10 secondes causant une réduction d’au moins 30 % du débit respiratoire ou des mouvements thoraco-abdominaux, par rapport à une valeur de base, et qui s’accompagne d’une désaturation en oxygène sanguin d’au moins 4 %. (5)
Le manque de ventilation qui en résulte est associés à des manifestations cliniques comme une somnolence diurne excessive et parfois des endormissements incontrôlables.
D’autres symptômes comme le ronflement, des céphalées matinales et la constatation d’apnées et d’irrégularités du sommeil par l’entourage sont associés au SAOS.
- La personne souffrant d’apnée voit sa respiration diminuer significativement ou même s’arrêter complètement pendant son sommeil.
- Un épisode d’apnée est, par définition, un arrêt respiratoire qui dure au moins 10 secondes tandis que l’hypopnée réfère à une diminution de 50% de l’amplitude respiratoire d’une durée de 10 secondes ou plus et accompagnée d’une désaturation du niveau d’oxygène sanguin de 3% ou plus associé à des micro-réveils. Il n’y a pas assez d’air qui se rend aux poumons même si la personne tente de respirer.
- Ceci peut se produire pendant 10, 20 secondes ou plus longtemps et ces arrêts respiratoires peuvent se répéter 20, 30 fois ou plus par heure. Un test du sommeil, appelé polysomnographie ou polygraphie (selon les éléments évalués et mesurés), d’une durée d’au moins 6 heures est la méthode utilisée pour évaluer le sommeil.
- L‘index d’apnées-hypopnées (IAH) est le standard utilisé pour référer au nombre d’épisodes d’apnées et d’hypopnées pendant une heure de sommeil et correspond à la somme des épisodes d’apnées + d’hypopnées.
- Ceci diminue te taux d’oxygène sanguin. La respiration reprend avec un sursaut et une sensation d’étouffement.
- Ces cycles d’arrêts respiratoires perturbent le sommeil en ramenant le dormeur dans un état de sommeil léger plusieurs fois par nuit empêchant le sommeil de jouer son rôle régénérateur.
- L’apnée peut être accompagne de ronflement mais pas nécessairement.
Causes
Deux causes principales peuvent expliquer une apnée pendant le sommeil :
Obstruction
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Cause neurologique
- La cause de l’apnée peut aussi être neurologique s’il y a une anomalie au niveau du contrôle de la respiration dans le système nerveux central. Cette condition ne nécessite pas d’effort supplémentaire pour l’inspiration comme lors d’une obstruction. On réfère alors à un « syndrome d’apnées centrales du sommeil » (SACS). C’est un peu comme si le cerveau envoyait un signal d’arrêter de respirer un certain temps causant un épisode d’apnée.
Respiration pendant le sommeil
Respiration normale

Lors de la respiration normale, l’air transporte l’oxygène (O2) aux poumons (inspiration) tandis que le gaz carbonique (CO2) est éliminé par l’expiration (E à G). Cet échange maintient un niveau d’oxygène idéal dans le sang (saturation sanguine d’oxygène). L’apnée du sommeil ne permet pas de maintenir un niveau d’oxygène adéquat, ce qui a plusieurs conséquences. Une désaturation de l’oxygène sanguin de seulement 3% est considérée problématique.
Obstruction partielle

En présence d’une obstruction des voies respiratoires supérieures (A ), l’air et l’oxygène (O2) ne peuvent se rendre aussi bien aux poumons. Ceci permet l’accumulation de gaz carbonique (CO2) (B). Après un certain temps en apnée ou hypopnée, le cerveau enverra un signal pour forcer à respirer à nouveau (apport d’oxygène) et éliminer le gaz carbonique (C et D).
Quelques faits concernant l’apnée du sommeil
- La prévalence peut varier de 0,3 à 5 et même 10% de la population générale, selon les études. (1) Selon la définition utilisée le SAOS peut affecter jusqu’à 20% de la population générale. (4)
- Les troubles du sommeil, incluant l’apnée du sommeil, sont devenus un problème que l’on considère maintenant comme sérieux.
- Aux États-Unis, on estime que plus de 22 millions de personnes souffrent du syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS) dont 80% des cas d’apnée du sommeil modérés à sévères demeurent non diagnostiqués. En d’autres mots, la grande majorité des gens affectés par ce problème ne le savent pas. L’American College of Physicians rapporte que jusqu’à 90% des gens seraient non diagnostiqués.
- À cause de la somnolence qui peut en résulter, il peut être la cause d’accidents de travail et de la route.
- L’apnée du sommeil peut affecter les gens de tout âge, incluant les jeunes enfants et adolescents, mais est plus commune chez les personnes de plus de 40 ans qui ont un surplus de poids ou sont obèses. Avant l’âge de 60 ans, ce sont surtout les hommes qui en sont affectés.
- L’apnée obstructive du sommeil affecte 2 % des femmes et 4 % des hommes âgés de 30 à 60 ans.
- Ce problème n’est pas un symptôme mais bien une maladie qui doit être prise très au sérieux.
- Plus du quart des gens souffrant d’hypertension ( 27 à 47 %) sont affectés par un SAOS.
- Certains considèrent que le manque de sommeil est un facteur contribuant à l’obésité au même titre que l’excès de nourriture et le manque de sommeil.
- Le SAOS est une maladie sous diagnostiquée qui est souvent confondue avec la dépression
Les symptômes
Les principaux symptômes de l’apnée obstructive du sommeil sont :
- fatigue et somnolence le jour, sans explication;
- endormissements fréquents et incontrôlés;
- ronflement et interruptions de la respiration pendant le sommeil.
D’autres signes et symptômes peuvent inclure :
- pression artérielle est élevée;
- irritabilité;
- sensation de suffocation ou d’étouffement la nuit;
- fatigue extrême;
- dépression;
- difficultés de concentration;
- baisse de résultats scolaires (enfants);
- maux de tête le matin;
- troubles de mémoire;
- problèmes érectiles (impuissance)
- La gravité du SAHOS inclut 2 éléments; le degré de somnolence durant la journée et la gravité des anomalies respiratoires nocturnes. (5)
Les conséquences
Non seulement les personnes atteintes de SAOS voient leur qualité de vie atteinte mais celle de leur entourage est aussi affectée.
Les apnées du sommeil affectent la qualité du sommeil ce qui peut :
- diminuer le sommeil profond et paradoxal et causer des micro-éveils,
- causer une somnolence diurne excessive,
- causer de l’irritabilité, une baisse de la libido ou un état dépressif,
- diminuer la pression partielle d’oxygène du sang provoquant une dénaturation en oxygène. Ceci cause une hypoxie chronique pouvant mener à une hypertension artérielle et autres troubles cardiovasculaires.
Diagnostic
Le meilleur moyen de diagnostiquer l’apnée du sommeil et d’autres problèmes du sommeil est à l’aide d’un test appelé « polysomnographie » (PSG). Ce test peut être fait dans une « laboratoire du sommeil », qui est une clinique où l’on peut passer la nuit. Certains tests partiels peuvent être faits à l’aide d’un appareil portable que le patient peut utiliser à la maison pour monitorage à domicile. Ceci permet d’évaluer le taux d’oxygène, le flux de l’air dans le nez et la bouche, les variations respiratoires ainsi que le ronflement.
Le diagnostic est basé sur la présence d’un nombre excessif d’évènements (apnées et hypopnées) constaté au cours de l’enregistrement polysomnographique. Ce test peut mesurer les éléments suivants :
- l’activité du cerveau
- les phases du sommeil (durée, éveils, etc.)
- les mouvements des yeux
- le tonus musculaire
- le pouls
- les mouvements des jambes
- la respiration
- le flux de l’air
- les mouvements de la poitrine et de l’abdomen
- le taux d’oxygène dans le sang.
Auto-évaluationCertains tests et questionnaires de dépistage rapides peuvent vous donner une idée de votre facteur de risque à avoir de l’apnée du sommeil en vous permettant d’évaluer votre niveau de somnolence pendant la journée et vous indiquer si vous devriez consulter pour poursuivre votre évaluation. Souvenez-vous que près de 10% de la population générale souffre d’apnée du sommeil mais ~ 85% des gens affectés ne le savent pas car ils n’ont pas été diagnostiqués. ➡ Pour en savoir plus et évaluer votre degré de somnolence. |
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L’apnée du sommeil, ça ressemble à quoi?
Exemple d’un patient apnéique en action!La « British Lung Foundation » a récemment rendu publique la vidéo d’un homme filmé pendant un test de sommeil (polysomnographie). On y voit le patient littéralement arrêter de respirer pendant 40 secondes avant de reprendre sa respiration dans un soubresaut. Ces épisodes apnéiques se produisent plusieurs fois par heure tout au long de la nuit. Pendant l’arrêt respiratoire, son taux d’oxygène sanguin diminue et son rythme cardiaque augmente (tout cela est mesuré simultanément pendant la polysomnographie). Essayez de retenir votre souffle aussi longtemps que lui en visionnant la vidéo, vous constaterez que cela ne se fait pas sans « effort »! Cet homme d’âge moyen est un opérateur de machinerie dangereuse et il est fréquemment fatigué pendant son quart de travail. Après avoir été traité avec un CPAP, il est redevenu alerte au travail et peut fonctionner normalement. |
Découverte : Reportage sur l’apnée du sommeilVoyez ce court reportage de l’émission Découverte qui vous apprendra beaucoup sur l’apnée du sommeil. Entre autre, vous y verrez :
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De plus, vous y apprendrez que :
- Au Québec, 20% des accidents de la route sont attribuables à la somnolence au volant.
- Une réduction de 10% du poids corporel peut diminuer de 30% les épisodes apnéiques (arrêts respiratoires) chez les personnes affectées.
- Plusieurs dépressions cachent un problème d’apnée du sommeil.
- Le manque de sommeil engendre la faim, ce qui stimule la consommation de nourriture et favorise l’embonpoint et l’obésité. Ceci, en retour, favorise l’apnée du sommeil qui elle favorise l’apnée du sommeil créant ainsi un cercle vicieux dont il est difficile de sortir.
- 60% des patients atteints d’insuffisance cardiaque souffrent d’apnée du sommeil et le traitement de leur apnée améliore leur condition cardiaque de façon marquée.
- Même phénomène pour les personnes souffrant d’hypertension résistante (prise de 3 médicaments ou plus); L’apnée du sommeil est présente dans 83% des cas. Le traitement de l’apnée permet de contrôler l’hypertension dans 100% des cas, ce qui est plus efficace que la prise de n’importe quel médicament.
Illustration vidéo et graphique de l’apnée du sommeilVoici un autre exemple qui illustre de façon plus graphique comment l’obstruction des voies respiratoires empêche le passage de l’air et l’oxygénation normale. Le cerveau détecte éventuellement l’apnée et envoie un signal pour la reprise de la respiration qui se fait accompagnée d’un soubresaut. |
Pourquoi ronfler n’est pas banal!Écoutez cette courte entrevue expliquant pourquoi le ronflement ne doit pas être pris à la légère car il peut indiquer la présence de problèmes de santé beaucoup plus sévères, dont l’apnée du sommeil. [audio:https://www.ortholemay.com/wp-content/uploads/2012/01/Ronflement-audio-etnrevue.mp3]Source : Servicevie.com |
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➡ Pour voir des exemples (vidéos) de personnes souffrant d’apnée du sommeil.
L’apnée du sommeil, pas seulement chez les adultes
Le enfants, même très jeunes, peuvent aussi souffrir d’apnée du sommeil, ce qui peut avoir un effet important sur leur croissance et développement.
Pour voir une vidéo assez impressionnante d’un jeune enfant souffrant d’apnée du sommeil et en savoir plus sur les troubles du sommeil chez les enfants.
Entrevue avec le Dr Pierre Mayer
Pour en savoir plus sur l’apnée du sommeil et les traitements disponibles, écoutez cette brève entrevue à l’émission Les éclaireurs avec le pneumologue et professeur, Pierre Mayer
(L’Audio fil du samedi 7 mars 2015) dont voici un bref résumé :
- Avec l’augmentation du nombre de personnes obèses, l’apnée du sommeil connaît une hausse fulgurante depuis les dernières années. Une personne sur dix en aurait des symptômes, alors qu’une personne sur cinq souffrirait d’apnée légère. Son diagnostic est aujourd’hui facilité parce qu’il peut maintenant se faire à la maison, mais son traitement par la ventilation en pression positive continue (CPAP) soulève parfois des réticences. « Notre meilleur allié est que cet appareil est de plus en plus utilisé », estime le Dr Pierre Mayer, pneumologue et directeur de la Clinique du sommeil du CHUM.
- Les symptômes de l’apnée du sommeil sont souvent confondus avec d’autres maladies comme la dépression.
- Une fois l’appareil correctement calibré, l’effet sur le patient est instantané. « La personne retrouve une respiration normale dans les minutes qui suivent avec un arrêt complet du ronflement. Souvent, même après une première nuit, la somnolence va être améliorée de manière considérable. L’appareil est souvent offert en location pour un ou deux mois, le temps de laisser le patient décider s’il désire continuer le traitement. »
- Le Dr Pierre Mayer est l’auteur du livre Dormir : le sommeil raconté, aux Éditions Pierre Tisseyre.
Réf. : acsdd.org, www.poumon.ca, British Lung Foundation
Sleep Disorders Dentistry is the dental management of sleep breathing disorders with Oral Appliance Therapy (Alameda & Lowe, 2009; Epstein et al., 2009; Lazard et al., 2009; Ng et al., 2005). Association pulmonaire canadienne, Le médecin du Québec, vol. 43, no 5, mai 2008.
(1) Young, Peppard et coll. Epidemiology of Sleep Apnea American Journal of Respiratory and Critical Care 2002
Dormir -Le sommeil Raconté, Dr Pierre Mayer, éditions Pierre Tisseyre, 2012
(4) Rev Med Suisse 2009;5:1890-1894 – Oxymétrie nocturne au cabinet du médecin de premier recours
(5) Directives de la Société canadienne de thoracologie : Diagnostic et traitement des troubles respiratoires du sommeil de l’adulte. Can Respir J Vol 14 No 1 January/February 2007